En général, établir la programmation d’un festival repose sur quelques critères bien définis: recueillir des candidatures, voir des spectacles, apprécier leur qualité artistique et envisager comment donner une cohérence à l’ensemble. Et puis il y a les belles surprises, comme cette rencontre avec Cédric Laubscher et Jean-Pierre Durieux où j’ai senti vibrer chez eux la passion du théâtre, l’exigence artistique et l’envie de donner chair à un texte que je connaissais et que j’appréciais d’autant plus qu’il parlait des sombres heures de l’Argentine, ma seconde patrie. Un coup d’instinct, un coup de cœur et le projet d’accueillir la première de Potestad au Printemps d’Envies de Scènes, le festival de monologues d’Albertville, était lancé. J’ai su que j’avais gagné mon pari dès la première minute: une mise en scène épurée dans une scénographie où la lumière fait exister les lieux de l’action sur le plateau nu, habillé d’une seule chaise, une interprétation forte, subtile tout en nuances et en intériorité, donnent chair à ce texte. De l’émotion loin du pathos, de la sensibilité loin de la sensiblerie, Cédric et Jean-Pierre nous ont donné le théâtre que j’aime, celui qui permet de comprendre parce qu’il donne à ressentir. Ils ont su rendre avec respect et dignité, un hommage aux souffrances du peuple argentin. De la nécessité de l’art pour dire l’Humain, pour dire la Vie, en plus grand, en plus fort, en plus vrai. 

Françoise Aufauvre, 6 mai 2014 

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